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Pour ou Contre : et si la publicité dans les livres était un bon outil ?

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En début de semaine, je vous évoquais la possibilité d’intégrer des annonces textuelles — des publicités — sur les ebooks vendus via la plateforme Google Play. Cette même semaine, le site d’information Actualitté nous apprenait que la BnF avait également envisagé cette solution de « monétisation » des livres numériques du domaine public notamment. Comme je ne me sentais pas d’aborder seul le délicat sujet de la publicité dans les livres, j’ai tout de suite appelé à la rescousse Jean-Basile Boutak, directeur de collection chez Numérik.livres, et nous avons décidé d’utiliser nos vingt doigts pour échanger autour du sujet, à la fois sur son blog et ici.

C’est donc ensemble que nous avons réfléchi à ce thème, et que nous vous présentons notre échange. Nous aborderons ici les atouts et les avantages de la « publicité » dans les livres, et nous nous attaquerons, chez M. Boutak, aux inconvénients et défauts de ce même médium publicitaire. Commençons si vous le voulez bien !

Jean-Basile : Je suis très content que nous abordions ce sujet délicat, et j’aimerais commencer simplement par une question d’ordre générale : quel est ton rapport à la publicité ?

Pierrick : Je dirais que j’ai un rapport plutôt complet à la publicité, dans le sens où, comme tout le monde, j’en suis très régulièrement le destinataire (voire la victime dirons certains !), mais j’en ai déjà également été l’auteur (l’annonceur si j’ose dire). Le fait de connaître en partie l’envers du décor, surtout au sujet de la publicité Internet, me met davantage dans une situation de découverte. Bien souvent, plutôt que de me dire « encore une publicité de m*rde ! » je me demande qui l’a mise là, quel outil il a utilisé, quelle a été sa démarche.

Bien sûr, je ne vais pas cacher que la publicité me dérange souvent, d’autant plus qu’elle prend davantage d’espace au fur et à mesure que l’internaute apprend à l’ignorer. Néanmoins, j’essaie de ne pas m’offusquer quand elle est présente sur des services « gratuits », comme YouTube par exemple, car il faut bien rentabiliser un projet !

Je suis ici tenté de te renvoyer la question, et d’y ajouter une simple nuance que nous évoquerons en détail : le livre. Qu’est-ce que cela t’inspire quand on accole les mots « publicités » et « livre », numérique ou non ?

Jean-Basile : En ce qui me concerne, je fais partie de la génération « Culture Pub ». Je trouve que la publicité est culturellement intéressante, d’autant plus quand il y a derrière une recherche artistique. C’est trop rarement le cas, malheureusement. Quoi qu’il en soit, quand on accole les mots « publicités » et « livres », je ne fuis pas tout de suite. J’attends de voir, et je m’interroge. Si on essaie de voir le bon côté des choses, la publicité peut-être un moyen pour les lecteurs d’accéder gratuitement à la littérature. Et ce n’est pas un argument à prendre à la légère : il n’y a qu’à voir le nombre de sondages et d’études qui montrent la préférence des lecteurs – au moins numérique – pour les livres gratuits.

Pierrick : En effet, pour prolonger l’idée, je dirais même que la publicité pourrait être un moyen de rémunération plus viable du livre numérique. Certes, il est un peu hasardeux de se prononcer dès maintenant sur cette « viabilité », cette « rentabilité » (deux mots qui hérisseront le poil du lecteur, mais qui restent importants pour l’auteur comme pour l’éditeur) de la publicité. En partant du principe que de nombreux éditeurs ont reconnu avoir rencontré leurs plus gros succès en termes de téléchargements sur des publications gratuites (je pense notamment à « Génération Enragée » chez Walrus ou le premier tome du « Waldganger » chez Numérik.livres), on peut se demander si la publicité sur les gratuits ne pourrait pas être un modèle rentable, voire plus rentable que le payant à petit prix, qui a énormément de succès depuis des années, notamment grâce aux livres numériques à 0,99 €. Reste à voir si la publicité ne coupera pas simplement l’envie au lecteur de télécharger ou pire : de lire.

Si c’est le rat qui le dit ! (crédits photo)

JB : Tu as raison, un prix bas, voire nul, pour un produit d’appel peut-être un accélérateur intéressant. Numériklivres l’applique sur les premiers tomes des séries de la collection 45 min (gratuits), et sur ceux de plusieurs romans de la collection « Noir c’est noir » (0.99 €), dont je m’occupe. Publie.net a adopté une stratégie équivalente avec sa sélection de nouveautés du weekend à 0.99 €. Même Bragelonne a récemment créé une collection de textes courts proposés à ce même prix psychologique. Bref, partant de là, c’est sûr, la gratuité financée par la publicité est une piste à prendre en considération. Avec prudence. Il faut avant toute chose trouver le bon modèle. J’aurais plutôt tendance à regarder du côté du name dropping (où l’auteur serait payé pour citer et/ou mettre en valeur une ou plusieurs marques). Peut-être y a-t-il quelque chose à faire du côté du mécénat également : une entreprise pourrait payer un auteur pour écrire un livre – roman de fiction compris – à sa gloire. Enfin, il ne faut pas oublier des tentatives comme celle d’Amazon qui, contre une réduction sur l’appareil, affiche de la publicité sur la liseuse quand elle est en veille, et sur la page d’accueil, mais jamais pendant la lecture.

P : Comme tu le dis, nous restons sur un périmètre immense des publicités à envisager. Si nous restions sur le simple modèle Google, qui propose des annonces textuelles (donc le type de publicité que nous retrouvons sur la plupart des sites), l’expérience de lecture (l’immersion dirons-nous) pourrait être complètement ruinée. En revanche certains modèles de publicité me paraitraient presque au service de la littérature. Tu parlais de mécénat justement. Imaginons qu’une entreprise demande l’écriture d’un livre, et finance diverses créations graphiques pour celui-ci, dans lesquelles elle présenterait non seulement ses services ou produits, mais aussi le héros, l’histoire. Certes, les images seraient des publicités, mais des publicités subtiles, au service du livre ! Le name dropping justement, peut ajouter au réalisme d’un livre. Soyons sérieux, mon personnage principal est-il plus crédible en buvant du « soda » ou en buvant du « Coca-Cola » ?

Ce que je veux finalement dire ici est que la publicité comme la littérature demande sa dose d’imagination et de créativité. Même les personnes les plus hostiles à la publicité ne sauraient renier la qualité de certaines publicités, je pense notamment à la récente pub Cartier, plutôt étrange certes, et sans doute honteusement couteuse, mais qui a le mérite de faire voyager, de faire travailler l’imagination. Je suis donc persuadé que certaines publicités, dans certains livres, pourraient à la fois ravir l’annonceur et le lecteur.

JB : Et puis je pense qu’il faut se mettre un minimum à la place de l’éditeur, ou tout au moins de l’auteur. Écrire d’une part, et éditer d’autre part, représentent un coût réel, pour peu qu’on le fasse de manière professionnelle. Il me semble légitime pour les acteurs de la littérature de se faire payer, et c’est loin d’être facile. Si l’auteur a du talent, et met comme tu le dis la publicité au service de l’œuvre créée, que peut-on lui reprocher ? Le cinéma et la télévision fonctionnent déjà largement sur ce principe sans que ça choque grand monde. Il n’y a qu’à voir parmi moult exemples : James Bond et ses voitures de luxe, ou Carrie Bradshaw et son Mac. Enfin, l’acceptation par le public est peut-être aussi une question de communication : le lecteur pourrait être en droit d’exiger qu’un texte financé au moins en partie par la publicité l’affiche clairement.

Et terminons là nos échanges sur les bienfaits de la publicité dans le livre ! Je devine d’avance que certains arguments en auront irrité plus d’un. Mais rassurez-vous, l’article continue chez Jean-Basile (suivez le lien !), et nous nous y demandons si la publicité ne risque pas de ruiner la littérature…

Oh, et si vous avez envie de participer au débat, nous centralisons les commentaires chez Jean-Basile : n’hésitez pas à y laisser toutes vos impressions !

Crédits image à la Une



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